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PŒUF.

en attacher les cordons, et soudain, effrayé de me trouver ainsi seul, à pareille heure, au fond d’un lieu obscur et sonore, je pris mes jambes à mon cou et ne m’arrêtai qu’en pleine rue de la ville, au centre d’un carrefour où, par quatre enfoncées, je pus apercevoir le ciel, un ciel bleuissant que, d’un côté, lamaient déjà des nuées mauves. Je pensai que j’aurais dû m’armer d’un bâton, contre tout événement ; j’essayai d’en dénicher un, autour de moi, sur le sol ; mais ne découvrant rien, je continuai ma route. — Le jour montait avec rapidité.

Un instant perplexe, je me demandai s’il ne valait pas mieux courir vers la geôle, me poster à son entrée, et là, simplement attendre Pœuf et lui jeter un adieu ; mais le mur du polygone me charmait, m’attirait, me sensibilisait. Et je n’obéissais plus qu’à des instincts ; et, l’air de la matinée me faisant léger comme une plume, je marchais d’une allure vive ; et j’avais peur de tout : des embrasures de por-