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« Les parfums de feue ma femme, pense-t-il.» Et il asperge d’Eau de Cologne le parquet. La sidonie tire son mouchoir ; elle en désire un peu.

(Ici on entendra le tailleur se débattre dans l’armoire.)

Aussitôt Pierrot impose silence au placard à l’aide de ses poings, et les mains en avant, sans plus long préambule, furieusement il marche sur la sidonie. Elle étend son bras de cire ; un bruit sec retentit et Pierrot s’étale, les quatre fers en l’air. Ses manières deviennent plus douces. Le but immédiat serait de la violer, mais l’attaque est périlleuse, les biceps de la sidonie très durs. Donc il faudrait la déshabiller, le reste deviendrait facile.

La sidonie témoigne qu’elle a faim.

— Très bien, répond Pierrot ; alors, mettons-nous à l’aise, l’appétit me manquerait sans cela. Je vais vous décoiffer.

(Il enlève son habit)

Habituée par les exigences du métier à se laisser peigner et dépeigner, la sidonie s’assied avec tranquillité. Pierrot commence par lui cueillir les fleurs d’oranger de sa coiffure et va les piquer dans un pot de fleurs, sur la cheminée. Mécaniquement, elles s’épanouissent sous ses doigts ; les fleurs se transforment en oranges. Il les arrache, les dépose au fond d’un tiroir, puis revient à la sidonie. Sa belle coiffure lui reste dans les mains, et son crâne bombe, dénudé, pareil à un dôme de sucre