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L’inspiration descend en Pierrot.

— Que penserait la sidonie d’un souper fin ?

Il se bourre de mets imaginaires, d’indigestes gibelottes, de veaux marengo mous et fades.

Le visage de la sidonie s’illumine d’une joie manifeste. Au bruit que lance le pétard d’une bouteille de champagne, la voilà qui godille…, elle est vaincue !

Pierrot hèle une chaise à porteurs.

La vitrine du coiffeur s’ouvre et la sidonie en sort légèrement fripée. Elle fait bouffer sa jupe blanche.

La chaise démarre. En avant ! les porteurs galopent sur la place comme s’ils accomplissaient un voyage.

On s’arrête devant la maison de Pierrot. Celui-ci paie les frais, offre sa main à la sidonie et monte vers sa chambre, après avoir arrosé d’eau bénite la place où précédemment se dressait le cercueil et offert à sa compagne un bouquet d’immortelles oublié par terre.

(Les porteurs et leur chaise s’enfoncent dans une ruelle.)



Scène HUITIÈME

PIERROT, LA SIDONIE

Tous deux montent dans la chambre. À tâtons, Pierrot allume une bougie, puis se pince le nez comme si une puanteur terrible le suffoquait.