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Scène QUATRIÈME

PIERROT, INVITÉS, CROQUE-MORTS

Le premier groupe des invités entre par la droite, le second par la gauche ; ils se saluent profondément, puis hommes et femmes, tous en deuil, se pressent les mains, s’essuient les yeux, et, quittant leur air affligé, ricanent.

Pierrot pousse des hurlements de douleur, on se montre sa chambre d’un air navré ; lui, l’effet produit, se tape les cuisses et rit aux larmes.

Arrivent d’autres invités, après un nouvel échange de politesses, tous montent chez Pierrot.

Grave, dans une posture napoléonienne, la seringue de la défunte à la main, il les attend. Il embrasse les femmes, repousse les vieillards, néglige les hommes, se fait renifler sur la main par les enfants.

Sans cesse des invités gravissent l’escalier, c’est une marée qui envahit la chambre. Pierrot recule, cerné de toutes parts ; le flot finit par le clouer contre la muraille. Alors il brandit sa seringue, la braque contre les invités. Ceux-ci d’abord prennent la chose en plaisanterie, mais lui voyant tirer le piston, ils s’effarent. L’eau jaillit et frappe au visage le premier rang. Le jet tournant d’une mitrailleuse ne les faucherait pas moins. On roule, on se relève, on fuit vers l’escalier ; la seringue