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— Il n’en existe pas, répond le coiffeur.

— Qu’importe !… on en invente.

Et Pierrot menace le coiffeur de le rosser comme plâtre.

Alors, affolé, celui-ci s’arrache plusieurs poignées de cheveux qu’il éparpille. Mais voici que passe un décrotteur. Se frapper le front, rattrapper quelques-uns des cheveux qui volent et se les remettre sur la tête, empoigner les brosses et le cirage de l’auvergnat, remonter vers Pierrot comme une flèche, tout cela pour le merlan est l’affaire d’une seconde.

Cependant Pierrot s’est endormi.

Le coiffeur trempe son doigt dans la boîte à cirage, frotte l’une contre l’autre en un mouvement circulaire les paumes de ses mains et dépose l’enduit ainsi fondu sur le crâne glabre de Pierrot, puis il prend ses brosses et se met à lui cirer le sinciput, à tour de bras, comme une paire de bottes.

Pierrot s’est réveillé. D’abord satisfait par le chatouillement, il a manifesté son plaisir par des grimaces presque lascives, mais peu à peu une intolérable cuisson transforme le cours de ses idées, et soudain, menaçant de prendre feu, sa tête déjà semblable à du cuir verni, il bondit sur le coiffeur qui, battu et roué, tombe dans la rue et se sauve.

(À ce moment les premiers invités paraissent.)