a commis la bêtise de mourir, il n’en est en aucune façon responsable. D’autres femmes errent, en quête du Monsieur qui acceptera leurs amoureuses exigences, il saura choisir parmi elles, voilà ! et vive la ligne !
— Très bien, affirme le coiffeur.
— Votre opinion m’importe fort peu, et quant à vos condoléances, elles m’exaspèrent. Un mot de plus et je vous gifle. Dépêchons, il s’agirait de m’arranger la tête.
Le coiffeur approche une chaise ; Pierrot s’assied et pour la première fois peut-être, cet artiste découvre que son client est chauve.
— Comment faire ?
Il passe devant Pierrot et simule le geste d’un homme qui pousse une boule de billard. Pierrot sourit, doucement flatté :
— Que de gens voudraient être à ma place !… car enfin à quoi servent les cheveux quand l’heure du déduit sonne ?… Les baisers ne courent-ils pas mieux sur l’ivoire des crânes ?
— C’est vrai !… mais comment faire ?
— Coiffez, ça m’est égal.
— J’ai justement sur moi de la pommade.
— Oui, mais quelle pommade ? (Le coiffeur la lui montre.)
— De la blanche ? jamais.
Pierrot sait ce que l’on doit aux morts. C’est de la pommade noire qu’il lui faut…, de la pommade de deuil !