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au rez-de-chaussée du coiffeur et en sortir la tête rase et les joues nues.

Au lever du rideau, le chef blême de Pierrot émerge d’un sac de percaline noire qui l’enveloppe du col aux genoux. Il écoute attentivement la réclame que lui mime un tailleur de Poméranie. D’ailleurs l’invention est simple ! mais il s’agissait de la trouver. Étant donné un sac de percaline, en tirer un habit de drap noir, tel était le problème.

De là, coups de ciseaux dans le devant, dans le derrière, dans le flanc gauche, dans le flanc droit, en haut, en bas, partout. Un, deux, trois, passez muscade ! l’habit est prêt.

(À mesure qu’il s’exprime, le tailleur avec rapidité coupe l’habit sur Pierrot)

Pierrot va se regarder dans la glace de son armoire et gambade, pris d’une joie folle. Cette rapide manière de façonner un habit lui plaît ; il félicite l’artiste, lui presse les mains, l’étreint et le pousse vigoureusement vers la porte, mais celui-ci s’arc-boutant tire de sa poche une note sur laquelle en gros caractères, s’étale le chiffre

MILLE FRANCS

Pierrot demeure béant, puis sa stupeur s’achève en un sourire. Ah ! c’est mille francs, gesticule-t-il ?… Comment, ce n’est que mille francs ? pas plus ?… Vous êtes bien honnête. J’ai justement des