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cottes, d’étonnants talmas pour nouveaux-nés, de courtes langes, quatre pantalons aux fentes nécessaires.

Le magasin du fleuriste étale tous les ridicules emblèmes des douleurs humaines : des cerceaux d’immortelles, des couronnes en perles avec des mains de plâtre enlacées au centre, des feuillages de taffetas, des médaillons où les initiales des défunts, fabriquées avec des cheveux, semblent encore assouplies et poissées par les philocomes.

Des tentures noires, écussonnées d’un P d’argent, encadrent l’entrée de la maison où gît, sur un tréteau, dans sa boîte éclairée par six chandelles, le corps de dame Pierrot, morte à la fleur de l’âge ; cependant que, à côté, dans la devanture vert-pomme d’un perruquier, toute blanche sous ses cheveux orange, tourne, tourne, comme en un mouvement ralenti de valse, une chérissable et silencieuse sidonie.

Au-dessus du cercueil de sa femme, dans sa chambre à coucher tendue de papier clair, Pierrot se vêt de noir pour la cérémonie. Des mendiants, fleuris d’ulcères et damassés de dartres, causent devant l’église. Les cloches sonnent à toute volée.



Scène PREMIÈRE

PIERROT, LE TAILLEUR

Durant les deux premières scènes, on verra des gens à longs cheveux, à barbes incultes, entrer