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sottises des sots qui croient tout découvrir et..rire ainsy les sots sont nécessaires aux gens d’esprit

Esprits ceux qui veulent sçavoir et écouter toutes les différentes opinions sont bien plus propre a connoitre la verité[1] comme un cheval qui a traversé un pais en tous sens le connoit mieux que celuy qui attaché a une roue n’a jamais parcouru qu’un petit cercle

les gens d’étude qui [n’]ont pour patrie non seulement l’univers présent mais l’univers passé ne sont pas si facile a s’asservir aux opinions d’un peuple et chaque lui paroit proprement comme une cotterie a un autre homme[2]

Esprit celuy de D.[3] etoit déjà puissant dans un âge ou les autres peuvent a peine penser il avoit rapproché les tems les plus reculés de sa vie

les grands esprits atteignent également aux grands vices et aux grandes vertus[4]

les bons esprits sont parmy les autres hommes comme une belle voix seroit dans un concert composée de sons faux et aigu une voix si sonore seroit discordante

  1. Si dans ses traités Helvetius réduit le jugement à la sensation, il y voit, du moins, la perception d’un rapport, d’une comparaison. Celui qui sait le mieux juger est celui qui sait le mieux comparer. — Barré.
  2. V. de l’Esprit. D. II, ch. xviii, De l’Esprit considéré par rapport aux siècles et aux pays divers (t. II. p. 280) et ch. xx De l’Esprit considéré par rapport aux différents pays (t. III, p. 48). — Barré.
  3. D. Descartes ?
  4. Parce qu’ils ont de grandes passions qui les conduisent aux uns et aux antres. Les petitesses des hommes célèbres intéresseront cet historien réaliste des mœurs. Helvetius dira dans l’Esprit : « Qu’importe au public la probité d’un particulier ? Cette probité ne lui est de presque aucune utilité. Aussi juge-t-il les vivants comme la postérité juge les morts. Elle ne s’informe point si Juvénal était méchant, Ovide débauché, Annibal cruel, Lucrèce impie, libertin, Auguste dissimulé et César la femme de tous les maris ; c’est uniquement leurs talents qu’elle juge ». Disc III, ch. vi, t. III, p. 84.