Page:Helvétius - Notes de la main d’Helvétius, éd. Keim, 1907.djvu/49

Cette page n’a pas encore été corrigée

il faut sans comparaison plus de douze fois plus d’esprit pour rendre ses idées[1] que pour les avoir (ou en sont tous les hommes qui se croient tant d’esprits pour avoir de certaines idées ou en sont les ministres qui même ne les ont pas) tout cecy est prouvé par la quantité de gens qui passent pour avoir de l’esprit et qui font de si mauvais ouvrages

faire des lettres sous le titre d’amour propre expliquer tous les cas possibles de morale avec cela[2]

montrer par l’enchaînement nécessaire des chose physique l’enchaînement nécessaire des choses morale qui n’arrivent point sans cause phisique

donner un plan des états possibles calculer les probabilités pour le bonheur des hommes[3]

Peinture fait sortir les grands hommes du tombeau fait les vivre[s] aux yeux et rend présent le passé

Esprits comme les bons esprits voit que notre nature est condamnée a l’ignorance et qu’ils ne peuvent connoitre aucune des causes ni avoir aucune idée de l’essence des choses il restroient sans rien dire[4] s’ils ne s’occupoient a rire des

  1. Helvetius écrivait avec le plus grand soin et remaniait sans cesse ses ouvrages. Morellet le vit suer à Voré devant sa tâche. S’il manquait de spontanéité et accordait tout au travail et à la méditation, il avait le plus noble souci de la probité nécessaire à l’écrivain qui se respecte.
  2. Ceci encore est essentiel. Helvetius n’écrira pas ces lettres, mais il fondra tous ses projets philosophiques et littéraires dans le livre de l’Esprit.

    La Bruyère, Vauvenargues, après La Rochefoucauld, avaient appelé l’attention sur l’amour-propre. Le but systématique d’Helvetius sera, en codifiant et en développant par l’analyse des faits et des idées les observations contenues dans les Maximes, d’« expliquer tous les cas possibles de morale avec cela ».

  3. Créer une science exacte de la vie morale et politique des hommes et des peuples, tel était le but d’Helvetius. C’est une idée très moderne.
  4. L’auteur de l’Esprit fut accusé d’impiété, d’athéisme, de spinozisme, de déisme, d’ « indifférentisme ». On voit bien, d’après ces Notes, quelle est, quelle sera son attitude intellectuelle à l’égard des problèmes d’origine et de fin.