quelquefois Dieu se fait admirer dans sa colère comme une mer en fureur quelquefois par sa seule majesté comme une mer calme [1]
le tableau mouvant de l’univers fait voir la grandeur du machiniste
Passions rien n’est plus dangereux que les passions[2] dont la raison conduit l’emportement
les passions reptiles lorsqu’ils entrent dans les cœurs Dragon impétueux lorsqu’ils y sont entrés
les passions sont comme les herbes empoisonnées Les dozes seules en font des poisons ou des antidotes
le feu qui détruit tout allumés par l’art a donné naissance a mil merveilles ainsy les passions guidées par la raison
les vents ébranlent la terre et les passions l’ame du sage s’ils ne la renversent pas
les passions qui produisent les vertus aussy nos vices semblable aux aliments la source de la vie est source de la mort[3]
vouloir éteindre une passion par une autre ce n’est que transporter un bûcher d’un endroit a un autre
l’étincelle dans les passions est suivie de l’embrazement
la faiblesse négligée des passions se fortifie les grains de sable forment des montagnes il les faut prévenir[4]
- ↑ Helvetius traite de Dieu en logicien et en orateur, et au besoin (v. la note suivante) avec les ressources d’un haut esprit, mais évidemment sans l’émotion du cœur, sans extase sentimentale. D’après divers textes, je considère volontiers Helvetius comme un déiste. M. Harald Höffding, en une brève et très remarquable étude consacrée à l’auteur de l’Esprit, dans son Histoire de la Philosophie Moderne (Alcan, 1906), émet aussi cette opinion.
- ↑ Tel que la fureur ajouté, au-dessus de la ligne.
- ↑ V. De l’Esprit, Disc. III, ch. vi : de la puissance des passions (on prouve que ce sont les passions qui nous porte aux actions héroïques et nous élèvent aux grandes idées). V. aussi ch. vii : de la supériorité d’esprit des gens passionnés sur les gens sensés. Ch. viii : On devient stupide dès qu’on cesse d’être passionné. Ch. ix de l’origine des passions, etc.
- ↑ Helvetius se fait l’apologiste des passions, mais avec une certaine sagesse.