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DE L’HOMME.

(3) Dans une nation avilie, on ne trouve pas, même parmi ses meilleurs citoyens, des caracteres d’une certaine élévation : des ames nobles et fieres y seroient trop discordantes avec les autres.

(4) Parmi les souverains, quel est le plus loué ? Le plus craint et le plus détestable. Mais ce tyran, tant loué de son vivant, est l’exécration de son peuple à sa mort. Il peut être sûr, quelque éloge qu’on lui ait donné, que son nom sera le mépris de la postérité. La mort est la lance d’Ituriel ; elle détruit le charme du mensonge et de la flatterie. Ce que la mort opere sur les sultans, la disgrace l’opere sur ses visirs.

(5) Le despote, toujours sans prévoyance contre les ennemis du dehors, pourroit-il se flatter que des peuples habitués à trembler sous le fouet du pouvoir, assez vils pour se laisser lâchement dépouiller de la propriété de leurs biens, de leur vie, et de leur liberté, le défendront contre l’attaque d’un ennemi puis-