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SECTION IV, CHAP. XII.

d’un prince dont elle ne puisse attendre ni grace ni faveur. Quel respect à sa cour aura-t-on pour la vertu ? aucun ; on n’y peut estimer que la bassesse, l’intrigue, et la cruauté, déguisées sous les noms de décence, de sagesse et de fermeté. Un visir y donne-t-il audience ? les grands, prosternés à ses pieds, daigneront à peine jeter un regard sur le mérite. Mais, dira-t-on, l’hommage de ces courtisans est forcé ; c’est un effet de leur crainte : soit. L’on rend donc plus à la crainte qu’à la vertu. Ces courtisans, ajoutera-t-on, méprisent l’idole qu’ils encensent. Il n’en est rien : on hait le puissant, on ne le méprise point. Ce n’est pas la colere du géant, c’est celle du pygmée, qu’on dédaigne ; son impuissance le rend ridicule. Quelque chose qu’on dise, l’on ne méprise point réellement ce qu’on n’ose mé-