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SECTION IV, CHAP. XXI.

profitent-ils pour s’enchaîner par des lois sages, et se mettre dans l’heureuse impuissance de se nuire lorsqu’ils seront de nouveau saisis de l’accès d’une rage intolérante ?

De bonnes lois peuvent également contenir le dévot furieux et le prêtre perfide. En Angleterre, en Hollande, dans une partie de l’Allemagne, des crimes et des malheurs multipliés ont sur cet objet ouvert enfin les yeux des peuples. Ils sentent que la liberté de penser est de droit naturel ; que penser produit le besoin de communiquer ses pensées ; et que dans un peuple, comme dans un particulier, l’indifférence est un signe de stupidité.

Qui n’éprouve pas le besoin de penser ne pense pas. Il en est de l’esprit comme du corps : ne fait-on point usage de leurs facultés, on devient impotent de corps et d’esprit. Lorsque