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SECTION IV, CHAP. XIX.

orgueil est-il légitime ? Pourquoi non ? Si Jupiter prenoit encore en main les balances avec lesquelles il pesoit jadis les destinées des héros ; s’il mettoit dans l’un des plateaux l’opinion d’un Locke, d’un Fontenelle, d’un Bayle, et de l’autre l’opinion des nations italiennes, françaises, espagnoles, etc. ; le dernier des plateaux s’éleveroit comme chargé de nul poids. La diversité et l’absurdité des différents cultes prouve le peu de cas qu’on doit faire de l’opinion des peuples. La sagesse divine elle-même parut, dit l’écriture, Judœis scandalum, gentibus stultitiam ; scandale aux Juifs, folie aux yeux des nations. Je ne dois en fait de religion nul respect à l’opinion d’un peuple ; c’est à moi seul que je dois compte de ma croyance. Tout ce qui se rapporte immédiatement à Dieu ne doit avoir pour juge que l’Être su-