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DE L’HOMME,

gouverner sans contradiction. Or, du moment où le fort a parlé, le foible se tait, s’abrutit, et cesse de penser, parcequ’il ne peut communiquer ses pensées.

Mais, dira-t-on, si l’engourdissement dans lequel la crainte retient les esprits est nuisible à un état, faut-il en conclure que la liberté de penser et d’écrire soit sans inconvénient ?

En Perse, dit Chardin, on peut, jusques dans les cafés, parler hautement et censurer impunément le visir ; le ministre, qui veut être averti du mal qu’il fait, sait qu’il ne peut l’être que par le cri public. Peut-être en Europe est-il des pays plus barbares que la Perse.

Mais, du moment où le citoyen pourra tout penser, tout écrire, que de livres faits sur des matieres qu’il