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SECTION V, CHAP. I.

lorsque le matelot et le soldat, l’un sur mer et l’autre à la tranchée, l’exposent tous les jours pour un écu ? L’homme honnête qui semble concourir, à son préjudice, au bien public, n’obéit donc qu’au sentiment d’un intérêt noble. Pourquoi M. Rousseau nieroit-il ici que l’intérêt est le moteur unique et universel des hommes ? Il en convient en mille endroits de ses ouvrages. Il dit, p. 73, t. III de l’Émile : « Un homme a beau faire semblant de préférer mon intérêt au sien propre, de quelque démonstration qu’il colore ce mensonge, je suis très sûr qu’il en fait un ». P. 137, T. I, ibid. : « Je veux, quand mon éleve s’engage avec moi, qu’il ait toujours un intérêt présent et sensible à remplir son engagement, et que si jamais il y manque, ce mensonge attire sur lui des maux