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DE L’HOMME,

commun à tous les hommes, au pauvre comme au riche, au peuple comme au grand ; et l’homme distingueroit à tout âge le bien du mal (3).

Mais M. Rousseau dit, p. 109, t. III d’Émile : « Sans un principe inné de vertu, verroit-on l’homme juste et le citoyen honnête concourir, à son préjudice, au bien public » ? Personne, répondrai-je, n’a jamais concouru, à son préjudice, au bien public. Le héros citoyen qui risque sa vie pour se couronner de gloire, pour mériter l’estime publique, et pour affranchir sa patrie de la servitude, cede au sentiment qui lui est le plus agréable. Pourquoi ne trouveroit-il pas son bonheur dans l’exercice de la vertu, dans l’acquisition de l’estime publique et des plaisirs attachés à cette estime ? Par quelle raison enfin n’exposeroit-il pas sa vie pour la patrie,