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SECTION IV, CHAP. VIII.

une loi sacrée, quel eût été le plaidoyer d’un sauvage habitant un canton giboyeux, dont un sauvage plus fort eût voulu le chasser ? « Quel est ton droit, diroit le premier, pour me bannir de ce canton ? À quel titre, diroit le second, prétends-tu le posséder ? Le hasard, répondroit le foible, y a porté mes pas : il m’appartient parceque je l’habite, et que la terre est au premier occupant. Quel est ce droit de premier occupant (24) ? répondroit le puissant. Si le hasard t’a le premier conduit en ce lieu, le même hasard m’a donné la force nécessaire pour t’en chasser. Auquel des deux droits donner la préférence ? Veux-tu connoître toute la supériorité du mien ? leve les yeux au ciel, tu vois l’aigle fondre sur la colombe ; abaisse-les sur la terre, tu vois le cerf déchiré