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DE L’HOMME,

On a, à la vérité, une mémoire vive des mots de sa propre langue, une mémoire plus lente de ceux d’une langue étrangere, sur-tout si on la parle rarement. Mais qu’en conclure ? sinon qu’on a un souvenir plus ou moins prompt des objets, selon qu’ils sont plus ou moins familiers. Il n’est qu’une différence réelle et remarquable entre les différentes mémoires, c’est l’inégalité de leur étendue. Or, si tous les hommes communément bien organisés sont, comme je l’ai prouvé, doués d’une mémoire suffisante pour s’élever aux plus hautes idées, le génie n’est donc pas le produit de la grande mémoire. Qu’on lise le chapitre III, discours III, de l’Esprit ; j’y considere cette question sous toutes les faces. L’expérience prouve qu’en général ce n’est point au défaut de mémoire