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SECTION II, CHAP. XX.

rajeunissement d’Éson prouve l’ancienneté de ce desir. Pour le perpétuer, il falloit du moins le fonder sur quelque vraisemblance. À cet effet l’on composa l’ame d’une matier extrêmement déliée ; on en fit un atome indestructible, survivant à la dissolution des autres parties, enfin un principe de vie.

Cet être, sous le nom d’ame[1], devoit conserver après la mort tous les goûts dont elle avoit été susceptible lors de son union avec le corps. Ce systême imaginé, l’on douta d’autant moins de l’immortalité de son ame, que ni l’expérience ni l’observation ne pouvoit contredire cette croyance ;

  1. Les sauvages ne refusent l’ame à quoi que ce soit ; ils en donnent à leurs fusils, à leurs chaudieres, et à leurs briquets. Voyez le P. Hennepin, Voyage de la Louisiane, page 94.