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SECTION I, CHAP. VIII.

Qu’on ne me reproche point de m’être arrêté à considérer les causes auxquelles les grands hommes ont été si souvent redevables de leurs talents : mon sujet m’y forçoit. Je ne me suis point appesanti sur les détails. Je savois qu’amoureux des grands talents, peu importe au public les petites causes qui les produisent. Je vois avec plaisir un fleuve rouler majestueusement ses flots à travers la plaine ; mais c’est avec effort que mon imagination remonte jusqu’à ses sources pour y rassembler le volume des eaux nécessaires à son cours. C’est en masse que les objets se présentent à nous ; c’est avec peine qu’on se prête à leur décomposition. Je me persuade difficilement que la comete qui traverse impétueusement notre univers et le menace de ruine ne soit qu’un composé plus ou moins grand d’atômes invisibles.