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SECTION II, CHAP. VIII.

et boire lorsqu’il a faim et soif, d’ouvrir ses yeux à la lumiere, et de retirer son doigt du feu ?

Les voyageurs ne nous apprennent point que l’amour de l’homme pour ses semblables soit si commun qu’on le prétend. Le navigateur échappé du naufrage et jeté sur une côte inconnue ne va pas les bras ouverts se jeter au cou du premier homme qu’il y rencontre ; il se tapit au contraire dans un buisson : c’est de là qu’il étudie les mœurs des habitants, et de là qu’il sort tremblant pour se présenter à eux.

Mais qu’un de nos vaisseaux européens aborde une île inconnue, les sauvages, dira-t-on, n’accourent-ils pas en foule vers le navire ? Cette vue sans doute les surprend. Les sauvages sont frappés de la nouveauté de nos habits, de nos parures, de nos armes,