Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 7.djvu/231

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
216
DE L’HOMME,

immense pouvoir ajouteroit-il à la félicité d’un homme impassible ?

Si la puissance est si desirée de l’ambitieux, c’est comme un moyen d’acquérir des plaisirs. Le pouvoir est, comme l’argent, une monnoie. L’effet du pouvoir et de la lettre de change est le même. Suis-je muni d’une telle lettre ? je touche à Londres ou à Paris cent mille francs ou cent mille écus, et par conséquent tous les plaisirs dont cette somme est représentative. Suis-je muni d’une lettre de commandement ou de pouvoir ? je tire pareillement à vue sur mes citoyens telle quantité de denrées ou de plaisirs. Les effets de la richesse et du pouvoir sont à-peu-près semblables, parceque la richesse est un pouvoir.

Dans un pays où l’argent seroit inconnu, de quelle maniere percevroit-