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SECTION II, CHAP. VI.

L’expérience m’apprend que ma main résiste sans douleur au choc d’un corps qui me priveroit de la vue ; mes yeux, d’ailleurs, me sont plus chers que ma main : je dois donc exposer ma main pour sauver mes yeux.

Il n’est personne qui ne fasse en pareil cas le même raisonnement : mais ce raisonnement d’habitude est si rapide, qu’on a plutôt mis la main devant les yeux qu’on ne s’est apperçu et de l’action et du raisonnement dont cet action est l’effet. Or, que de sensations de la nature de ces raisonnements habituels ! que de sensations foibles qui, ne fixant pas notre attention, ne peuvent produire en nous ni conscience ni souvenir !

Il est des moments où les plus fortes sont, pour ainsi dire, nulles. Je me bats ; je suis blessé. Je poursuis