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SECTION II, CHAP. V.

rien, selon moi, de plus absurde.

Quoi de plus vague encore que le mot crime ? Pour que ce terme collectif rappelle à mon esprit une idée nette et déterminée, il faut que je l’applique à un vol, à un assassinat, ou à quelque action pareille. Les hommes n’ont inventé ces sortes de mots que pour se communiquer plus facilement, ou du moins plus promptement, leur idées. Je suppose qu’on crée une société où l’on ne veuille admettre que des honnêtes gens : pour s’éviter la peine de transcrire le long catalogue de toutes les actions qui doivent en exclure, on dira en un seul mot qu’on en bannit tout homme taché de quelque crime. Mais de quelle idée nette ce mot crime sera-t-il alors représentatif ? D’aucune. Ce mot, uniquement destiné à rappeler au souvenir de cette société les actions nui-