Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 7.djvu/200

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
185
SECTION II, CHAP. IV.

devient elle-même l’intérêt puissant qui me force à l’attention. Toute sensation de cette espece emporte donc toujours avec elle un jugement. Je ne m’arrêterai pas davantage à cette observation, et répéterai, d’après ce que j’ai dit ci-dessus, que, dans tous les cas, juger est sentir.

Cela posé, toutes les opérations de l’esprit se réduisent à de pures sensations. Pourquoi donc admettre en nous une faculté de juger distincte de la faculté de sentir ? Mais cette opinion est générale, j’en conviens ; elle doit même l’être. On s’est dit : Je sens et je compare ; il est donc en moi une faculté de juger et de comparer distincte de la faculté de sentir. Ce raisonnement suffit pour en imposer à la plupart des hommes. Cependant, pour en appercevoir la fausseté, il ne faut qu’attacher une idée nette au