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DE L’HOMME,

des esprits, c’est à cette derniere opinion qu’il faut donner la préférence.

Une cause connue rend-elle compte d’un fait ? pourquoi le rapporter à une cause inconnue, à une qualité occulte, dont l’existence toujours incertaine n’explique rien qu’on ne puisse expliquer sans elle ?

Pour montrer que tous les hommes communément bien organisés ont une égale aptitude à l’esprit[1], il

  1. M. Locke avoit sans doute en vue cette vérité lorsque, parlant de l’inégale capacité des esprits, il croit appercevoir entre eux moins de différence qu’on ne l’imagine. « Je crois, dit-il, page 2 de son Éducation, pouvoir assurer que de cent hommes il y en a plus de nonante qui sont ce qu’ils sont, bons ou mauvais, utiles ou nuisibles à la société, par l’instruction qu’ils ont reçue. C’est de l’éducation que dépend la grande