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NOTES DE LA SECTION I.

tous reçoivent à-peu-près la même éducation. Pourquoi tous sont-ils voyageurs ? C’est qu’il faut de l’argent pour vivre, et qu’ils n’en ont point chez eux. Pourquoi sont-ils laborieux ? C’est que tous sont indigents ; c’est que, sans secours et sans protection dans le pays où ils se transplantent, ils y ont faim, et que le pain ne s’acquiert que par le travail. Pourquoi sont-ils fideles et actifs ? C’est que, pour être employés de préférence aux nationaux, il faut qu’ils les surpassent en activité et fidélité. Pour quelle raison enfin sont-ils tous économes ? C’est qu’attachés comme tous les hommes à leur pays natal, ils en sortent gueux pour y rentrer riches, et y vivre des épargnes qu’ils auront faites. Supposons donc qu’on eût le plus grand intérêt d’inspirer à un jeune homme les vertus du Savoyard ; que faire ? Le placer dans la même position ; confier quelque temps son éducation au malheur et à l’indigence. Le besoin et la nécessité sont de tous les