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SECTION I, CHAP. XV.

des passions aux hommes ; et la religion païenne n’en éteignoit point en eux le feu sacré et vivifiant. Peut-être celle des Scandinaves, peu différente de celle des Grecs et des Romains, portoit-elle encore plus efficacement les hommes à la vertu. La réputation étoit le dieu de ces peuples ; c’étoit de ce seul dieu que les citoyens attendoient leur récompenses ; chacun vouloit être le fils de la réputation ; chacun honoroit dans les bardes les distributeurs de la gloire et les prêtres du temple de la Renommée[1]. Le silence des bardes étoit redouté des guerriers et

  1. L’avantage de cette religion sur les autres est inappréciable ; elle ne récompense que les talents et les actions utiles à la partie : et le paradis est dans les autres le prix du jeûne, de la retraite, de la macération, et de vertus aussi folles qu’inutiles à la société.