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DE L’HOMME,

sions fortes qu’il est quelquefois nécessaire au législateur de pouvoir exciter en eux. Par elle l’imagination toujours tenue en action soumettoit la nature entiere à l’empire de la poésie, vivifioit toutes les parties de l’univers, animoit tout. Le sommet des montagnes, l’étendue des plaines, l’épaisseur des forêts, la source des ruisseaux, la profondeur des mers, étoient par elle peuplés d’oréades, de faunes, de napées, d’hamadryades, de triton, de néréides. Les dieux et les déesses vivoient en société avec les mortels, prenoient part à leurs fêtes, à leurs guerres, à leurs amours. Neptune alloit souper chez le roi d’Éthiopie ; les belles et les héros s’asseyoient parmi les dieux ; Latone avoit ses autels ; Hercule déifié épousoit Hébé. Les héros moins célebres habitoient les champs et les bocages