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peuple sage, l’heureux ne bouleverse point le monde par ses intrigues ; content de lui, il s’occupe peu des autres ; il ne se trouve point sur la route de l’ambitieux ; l’étude remplit une partie de ses journées ; il vit peu connu, et c’est l’obscurité de son bonheur qui seul en fait la sûreté. Il n’en est pas ainsi de l’intriguant : on lui vend cher les titres dont on le décore. Que n’exige point un protecteur ! Le sacrifice perpétuel de la volonté des petits est le seul hommage qui le flatte. Semblable à Saturne, à Moloch, à Teutatès, s’il l’osoit, il ne voudroit être honoré que par des sacrifices humains. La peine qu’endure le protégé est un spectacle agréable au protecteur ; ce spectacle l’avertit de sa puissance ; il en conçoit une plus haute idée de lui-même. Aussi n’est-ce qu’à des attitudes gênantes que la plupart des na-