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rêt seul qu’il rapporte tout ; il ne fait rien pour le bien public : s’il parvient aux grandes places, il y jouit de la considération toujours attachée au pouvoir et sur-tout à la crainte qu’il inspire ; mais il ne peut jamais atteindre à la réputation, qu’on doit regarder comme un don de la reconnoissance générale. J’ajouterai même que l’esprit qui le fait parvenir semble tout-à-coup l’abandonner lorsqu’il est parvenu. Il ne s’éleve aux grandes places que pour s’y déshonorer ; parce qu’en effet l’esprit d’intrigue nécessaire pour y parvenir n’a rien de commun avec l’esprit d’étendue, de force et de profondeur nécessaire pour les remplir dignement. D’ailleurs l’esprit de conduite ne s’allie qu’avec une certaine bassesse de caractere qui rend encore l’intriguant méprisable aux yeux du public.