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que, loin d’obtenir le nom d’esprit juste, l’on ne sera jamais cité que comme un fou, si ce sentiment ou ce principe paroît ou ridicule ou fou. Un Indien vaporeux s’étoit imaginé que s’il pissoit il submergeroit tout le Bisnagar ; en conséquence ce vertueux citoyen, préférant le salut de sa patrie au sien propre, retenoit toujours son urine. Il étoit prêt à périr, lorsqu’un medecin, homme d’esprit, entre tout effrayé dans sa chambre : « Narsingue[1], lui dit-il, est en feu, ce n’est bientôt qu’un monceau de cendres ; hâtez-vous de lâcher votre urine ». À ces mots le bon Indien pisse, raisonne juste, et passe pour fou[2].

Un autre homme, sans doute atta-

  1. Capitale du Bisnagar.
  2. Les esprits justes pouvoient regar-