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du moins dans l’objet de sa passion, s’ils ne le flattent pas toujours dans les moyens qu’il prend pour la satisfaire : une pareille liberté ne l’offense donc pas. Je dirai de plus qu’une vérité dure peut quelquefois le flatter : c’est la morsure d’une maîtresse.

Qu’un homme s’approche d’un avare, et lui dise : Vous êtes un sot ; vous placez mal votre argent ; voilà l’emploi plus utile que vous en pouvez faire : loin d’être révolté d’une pareille franchise, l’avare en saura gré à son auteur. En désapprouvant la conduite de l’avare, on le flatte dans ce qu’il a de plus cher, c’est-à-dire dans l’objet de sa passion. Or ce que je dis de l’avare peut s’appliquer au roi vertueux.

À l’égard d’un prince que n’animeroit point l’amour de la gloire ou du bien public, ce prince ne pourroit