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stances où la fortune doit le placer, et juger en conséquence si tel défaut dont on voudroit le corriger ne se changera pas en vertu dans les places où vraisemblablement il doit parvenir ! C’est le tableau effrayant de ces difficultés qui rend l’homme sage si réservé sur l’article des conseils. Aussi n’est-ce qu’à ceux qui n’en donnent point qu’il en faut toujours demander. Tout autre conseil doit être suspect. Mais est-il quelque signe auquel on puisse reconnoître les conseils de l’homme sage ? Oui sans doute il en est. Toutes les passions ont un langage différent. On peut donc, par l’énoncé des conseils, reconnoître le motif qui les donne. Dans la plupart des hommes c’est, comme je l’ai dit plus haut, l’orgueil qui les dicte ; et les conseils de l’orgueil, toujours humiliants, ne sont presque jamais suivis. L’orgueil