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sages qui, connoissant la rareté et le prix d’un bon conseil, en sont et doivent toujours en être avares[1]. En effet, pour en donner d’utiles, avec quel soin ne faut-il pas approfondir le caractere d’un homme ! quelle connoissance ne faut-il pas avoir de ses goûts, de ses inclinations, des sentiments qui l’animent, et du degré de sentiment dont il est affecté ! quelle finesse enfin pour pressentir les fautes qu’il veut commettre avant que de s’en repentir, pour prévoir les circon-

  1. Chaque siecle ne produit peut-être que cinq ou six hommes de cette espece ; et cependant, en morale comme en médecine, on consulte la premiere bonne femme. On ne se dit pas que la morale, comme toute autre science, demande beaucoup d’étude et de méditation. Chacun croit la savoir, parce qu’il n’est point d’école publique pour l’apprendre.