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corriger tout le monde. C’est à ce sujet qu’un philosophe répondoit à un de ces conseillers empressés : « Comment me corrigerois-je de mes défauts, puisque tu ne te corrige pas toi-même de l’envie de corriger » ? Si c’étoit en effet l’amitié seule qui donnât des conseils, cette passion, comme toute passion vive, nous éclaireroit, nous feroit connoître quand et comment l’on doit conseiller. Dans le cas de l’ignorance, nul doute, par exemple, qu’un conseil ne soit très utile. Un avocat, un médecin, un philosophe, un politique, peuvent, chacun en leur genre, donner d’excellents avis. Dans tout autre cas le conseil est inutile ; souvent même il est ridicule, parce qu’en général c’est toujours soi qu’on y propose pour modele. Qu’un ambitieux consulte un homme modéré, et lui propose ses