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le premier mérite, parce que l’utilité réelle, et par conséquent la principale beauté de ce genre, consiste à peindre fidèlement les effets que produisent sur nous les passions fortes.

On n’a donc proprement de justesse d’esprit que dans les genres sur lesquels on a plus ou moins médité.

On ne peut donc, sans confondre le génie et l’esprit étendu et profond avec l’esprit juste, s’empêcher d’avouer que cette derniere sorte d’esprit n’est plus qu’un esprit faux, lorsqu’il s’agit de ces propositions compliquées où la vérité est le résultat d’un grand nombre de combinaisons, où, pour bien voir, il faut voir beaucoup, et où la justesse de l’esprit dépend de son étendue : aussi n’entend-on communément par esprit juste que la sorte d’esprit propre à tirer des conséquences justes, et quelquefois neuves,