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les gens de mérite des ridicules dont il est exempt, en lui persuadant que tous les gens d’esprit sont fous et que lui seul est sage, est une singularité toujours très propre à leur concilier sa bienveillance. Qu’un homme d’esprit, par exemple, s’habille d’une maniere singuliere : la plupart des hommes, qui ne distinguent point la sagesse de la folie, et ne la reconnoissent qu’à l’enseigne d’une perruque plus ou moins longue, prendront cet homme pour un fou ; ils en riront, mais ils l’en aimeront davantage. En échange du plaisir qu’ils trouvent à s’en moquer, quelle célébrité ne lui donneront-ils pas ? On ne peut rire souvent d’un homme sans en parler beaucoup. Or ce qui perdroit un sot accroît la réputation d’un homme de mérite. On ne s’en moque pas sans avouer et peut-être