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être exempt de toutes les passions qui corrompent notre jugement, il faudroit avoir habituellement présentes à la mémoire les idées dont la connoissance nous donneroit celle de toutes les vérités humaines : pour cet effet il faudroit tout savoir. Personne ne sait tout : on n’a donc l’esprit juste qu’à certains égards.

Dans le genre dramatique, par exemple, l’un est bon juge de l’harmonie des vers, de la propriété, de la force de l’expression, et enfin de toutes les beautés de style ; mais il est mauvais juge de la justesse du plan : l’autre au contraire est connoisseur en cette derniere partie ; mais il n’est frappé ni de cette justesse, ni de cet à propos, ni de cette force de sentiment d’où dépend la vérité ou la fausseté des caracteres tragiques et le premier mérite des pieces. Je dis