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cette araignée. Le prisonnier en ressent un chagrin cuisant ; il n’est point de mere que la mort de son fils affecte d’une douleur plus violente. Or, d’où vient cette conformité de sentiments pour des objets si différents ? C’est que, dans la perte d’un enfant comme dans la perte d’une araignée, l’on n’a souvent à pleurer que l’ennui et le désœuvrement où l’on tombe. Si les meres paroissent en général plus sensibles à la mort d’un enfant que ne le seroit un pere distrait par ses affaires ou livré aux soins de l’ambition, ce n’est pas que cette mere aime plus tendrement son fils ; mais c’est

    d’être durs. Tout homme qui, pour l’intérêt de la justice, peut, comme le bourreau, tuer de sang froid son semblable, le massacreroit certainement pour son intérêt personnel, s’il ne craignoit la potence.