Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 6.djvu/206

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lorsqu’il s’agit de sacrifier cette même vertu aux ordres d’un sultan ou d’un visir ? J’oserai vous l’apprendre ; c’est que l’éclat de ma grandeur, prix indigne d’une lâche obéissance, doit rejaillir sur vous : alors vous méconnoissez le crime ; et, si vous le reconnoissiez, j’en atteste votre vérité, vous m’en feriez un devoir.

On sent que, pressé par de tels raisonnements, il seroit très difficile qu’un pere n’apperçût pas enfin une contradiction manifeste entre les principes d’une saine morale et la conduite qu’il prescrit à son fils. Il seroit forcé de convenir qu’en desirant l’élévation de ce même fils il a, d’une maniere implicite et confuse, desiré que, tout entier aux soins de sa grandeur, ce fils y sacrifiât jusqu’à la justice. Or, dans ces gouvernements asiatiques, où des fanges de la servitude on