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tine, il ne la connoîtra jamais aussi parfaitement qu’il connoît sa propre langue. Or, si, parmi nos savants, il en est très peu de sensibles à la beauté, à la force, à la finesse de l’expression française, peut-on imaginer qu’ils soient plus heureux lorsqu’il s’agit d’une expression latine ? ne peut-on pas soupçonner que leur science à cet égard n’est fondée que sur notre ignorance, notre crédulité, et leur hardiesse ; et que, si l’on pouvoit évoquer les mânes d’Horace, de Virgile, et de Cicéron, les plus beaux discours de nos rhéteurs ne leur parussent écrits dans un jargon presque inintelligible ? Je ne m’arrêterai cependant pas à ce soupçon ; et je conviendrai, si on le veut, qu’au sortir de ses classes, un jeune homme est fort instruit des finesses de l’expression latine : mais, dans cette supposition