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de l’immortalité ; les années paroissent alors s’écouler avec la lenteur des siecles ; on sait mais on ne sent pas qu’on doit mourir, et l’on en est d’autant plus ardent à poursuivre l’estime de la postérité. Il n’en est pas ainsi lorsque l’âge attiédit en nous les passions. On apperçoit alors dans le lointain les gouffres de la mort. Les ombres du trépas, en se mêlant aux rayons de la gloire, en ternissent l’éclat. L’univers change alors de forme à nos yeux, nous cessons d’y prendre intérêt, il ne s’y fait plus rien d’important. Si l’on suit encore la carriere où l’amour de la gloire nous a fait d’abord entrer, c’est qu’on cede à l’habitude ; c’est que l’habitude s’est fortifiée lorsque les passions se sont affoiblies. D’ailleurs on craint l’ennui ; et, pour s’y soustraire, on continuera de cultiver la science dont les idées