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notre ame est partagée en une infinité de desirs à-peu-près égaux. Plus ces desirs sont nombreux, plus nos goûts sont modérés : au contraire, moins les desirs sont multipliés, plus ils se rapprochent de l’unité, et plus nos goûts sont vifs, et prêts à se changer en passions. C’est donc l’unité, ou du moins la prééminence d’un desir sur tous les autres, qui constate la passion. La passion constatée, il faut en connoître la force, et pour cet effet examiner le degré d’enthousiasme qu’on a pour les grands hommes. C’est, dans la premiere jeunesse, une mesure assez exacte de notre amour pour la gloire. Je dis dans la premiere jeunesse, parce qu’alors, plus susceptible de passions, on se livre plus volontiers à son enthousiasme. D’ailleurs on n’a point alors de motifs pour avilir le mérite et les talents ;