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la politique, ou à la poésie. Est-ce à ce dernier art qu’un homme s’applique ? il pourra devenir d’autant plus grand peintre en un genre, que le magasin de sa mémoire sera mieux fourni des objets qui entrent dans la composition d’une certaine espece de tableaux. Un poëte naît dans ces âpres climats du nord que d’une aile rapide traversent sans cesse les noirs ouragans ; son œil ne s’égare point dans des vallées riantes ; il ne connoît que l’éternel hiver qui, les cheveux blanchis par les frimats, regne sur des déserts arides ; les échos ne lui répetent que les hurlements des ours ; il ne voit que des neiges, des glaces amoncelées, et des sapins aussi vieux que la terre couvrir de leurs branchages morts les lacs qui baignent leurs racines. Un autre poëte naît au contraire sous le climat fortuné de l’Italie ; l’air y est