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nent droit de le mépriser. Cependant si, dans les bois, les solitudes et les dangers, la crainte a souvent à leurs propres yeux exagéré la grandeur du péril, pourquoi l’amour ne s’exagéreroit-il pas les plaisirs comme la frayeur s’exagere les dangers ? Ignorent-ils qu’il n’y a proprement que soi de juste appréciateur de son plaisir ; que, les hommes étant animés de passions différentes, les mêmes objets ne peuvent conserver le même prix à des yeux différents ; que c’est au sentiment seul à juger le sentiment ; et que le vouloir toujours citer au tribunal d’une raison froide, c’est assembler la diete de l’empire pour y connoître des cas de conscience ? Ils devroient sentir qu’avant de prononcer sur les actions de l’homme de génie il faudroit du moins savoir quels sont les motifs qui le déterminent, c’est-à-dire