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ler dans la poésie comme dans la politique, ce cardinal faisoit demander à Corneille de lui céder le Cid ? C’étoit cependant à cet amour de la gloire, tant de fois condamné, qu’il devoit ses grands talents pour l’administration. Si depuis l’on n’a point vu de ministre prétendre à tant de sortes de gloire, c’est que nous n’avons encore qu’un cardinal de Richelieu. Vouloir concentrer dans un seul desir l’action des passions fortes, et s’imaginer qu’un homme vivement épris de la gloire se contente d’une seule espece de succès lorsqu’il croit en pouvoir obtenir en plusieurs genres, c’est vouloir qu’une terre excellente ne produise qu’une seule espece de fruits. Quiconque aime fortement la gloire sent intérieurement que la réussite des projets politiques dépend quelquefois du hasard, et souvent de l’ineptie de