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fer ; mais enfin je sauverois des hommes : je serois le Curtius qui se jette dans le gouffre pour le salut de Rome ». L’assassinat de quelques enfants fut la conséquence

    nées, en Prusse, un fait à-peu-près pareil. Deux hommes fort pieux vivoient dans l’amitié la plus intime ; l’un d’eux fait ses dévotions, rencontre son ami au sortir de l’église ; il lui dit : « Je crois, autant qu’un chrétien peut le croire, être en état de grâce. » — « Quoi ! lui répond son ami, dans cet instant, vous ne craindriez donc pas la mort ? » — « Je ne pense pas, reprend-il, pouvoir jamais être en meilleure disposition ». Ce mot échappé, son ami le frappe, le tue ; en ce meurtre lui paroît la conséquence juste du sentiment d’une foi et d’une amitié vive ». Ainsi, dans presque toutes les religions, la société ne doit son repos, et le monde sa durée, qu’à l’inconséquence des esprits.